
Histoire
Connaître le passé pour aborder sereinement l'avenir
De 1833 à 1955 : la reconstruction
10 avril 1833, étude de Maître Crucy à Nantes. Deux jeunes femmes font face à Augustine, encore vêtue de noire en souvenir de son défunt mari Ambroise Defrondat. Ni Ludovic, ni Thimogène ni Bonaventure, ses trois fils n’ont consenti à reprendre la petite usine. La sucrerie de Besson n’est plus qu’un lointain souvenir.
Françoise- Eudoxie Mercier habite place Graslin à Nantes. La plus jeune des deux sœurs achète à la veuve les 33 hectares labourés de la métairie de la Mandironnière et les 32 hectares de La Rabine. Cécile- Louise, déjà mariée à Anacharsis Cottin, rachète les 85 hectares restants consistants en « une maison principale, grand bâtiment propre à une usine, pressoir, cour, jardins, charmille, pièce d’eau, verger, taillis, bois futaies, prairies, terres labourables, vignes, toutes les avenues et notamment celle qui conduit à la grand route, le moulin à eau de Besson avec sa chute, les métairies de la porte et de la Gentiserie consistants en logements de fermiers, granges, écuries, four, jardin, terres labourables, prés pastureaux, aires, rues, issues et autres dépendances ».
Très vite, Françoise épouse le sous-directeur de l’administration générale des Domaines à Paris. Devenue Madame Magnier de Maisonneuve, les deux fermes ne l’intéressent plus et elle les revend dès 1839 au couple Cottin.
Des Cottin et des Cottin de Melville : qui sont les nouveaux propriétaires de Besson ?
4è enfant d’une fratrie de 5, Anacharsis est né le 10 avril 1792 à Nantes, dans le nouvel hôtel particulier familial situé au
10, rue du roi Albert.
La superbe demeure a été construite en 1790 par l’architecte de la ville Mathurin Crucy. A l’automne 1793, la famille est contrainte de quitter la belle demeure, réquisitionné pour la célèbre « Compagnie Marat » qui sema la terreur à Nantes sous la Révolution.
Si Anacharsis n’a pas laissé de traces dans l’histoire nantaise, il n’en est pas de même pour son père et son gendre.
Le papa d’abord, l’Ecuyer Jacques Edmée Cottin surnommé « l’Américain » du fait de sa naissance en 1754 à Léogâne (Saint Domingue).
Secrétaire de la chancellerie au Parlement de Bretagne, il est élu en 1789 député du tiers-états aux Etats Généraux. Il est de la majorité qui vote l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 août. En 1799, il vend son hôtel particulier à Leroux de Commequiers et se retire dans son château de Saffré qui appartient à son épouse, Elisabeth-Henriette O’Riordan.
Sous l’empire, suite à la perte des colonies françaises, il obtient ses dédommagements comme ancien colon et devient maire de Saffré avant d’y mourir en 1823.
Le gendre, Jules Cottin de Melville, alors inspecteur général des Ponts et Chaussées, a 34 ans lorsqu’il épouse, le 26 octobre 1820, la jeune Marie-Eliza Cottin âgée de 19 ans.
En 1831, alors que les premiers plans du canal de Nantes à Brest prévoient la reconstruction de tous les ponts de Nantes situé sur l’Erdre pour faciliter la navigation sur cette nouvelle voie d’eau, l’ingénieur propose de remplacer le Pont Morand, axe secondaire de circulation, par un simple petit pont de bois. Il faudra attendre 1863 pour que, bien après des ajouts d’arches et des suppressions de piles, on reconstruise un pont métallique à 3 travées qui disparaîtra définitivement en 1940 avec les comblements de l’Erdre. Une rue nantaise porte encore le nom de l’ingénieur Jules Cottin de Melville. Marie-Eliza et Jules achètent en 1851 une propriété à La Bénâte (aujourd’hui rue du 11 Novembre). Ils auront 3 enfants dont l’un, Edmond, achètera en 1877 la propriété de Bagatelle à Saint Jean de Corcoué.
Anacharsis meurt le 9 octobre 1840, laissant Cécile-Louise veuve, sans héritiers directs. Pleinement propriétaire de Besson, riche, généreuse et surtout dévôte, la veuve Cottin exerce à Saint Colombin des oeuvres de charité, visitant les malades. Aussi, en 1853, elle n’hésite pas une seconde à répondre très généreusement à l’appel de fond lancé pour la reconstruction de l’église. La liste des souscriptions, datée de 1855 et conservée aux Archives Départementales est parlante :
Mlle de La Robrie,400 F
Félicité Le Vaulle, 180 F
Abbé Patron, 400 F
Henri Le Vaulle, 1000 F
Bernard (du Grand Bois), 4000 F
Derivas (La Noë), 1 000 F
Cosson (du Pay), 2 000 F
Dupont, 300 F
De La Roussière, 2000 F
Du Tressay, 700 F
Poydras, 1000 F
Launay, 500 F
Tardiveau (maire de Saint Colombin), 1000 F
Cottin (de Besson) : caution de divers, 10 000 F
En 1874, l’abbé Tardivel fait agrandir et embellir l’église. Il veut donner des places aux enfants, éclairer le transept et orner le sanctuaire. Pour cela, il supprime les deux sacristies et les remplace par l’autel du Sacré-Cœur et de la Sainte-Vierge et bâtie une nouvelle sacristie, l’actuelle, magnifique, encore aujourd’hui habitée des meubles en noyer et en chêne choisi par le zélé curé. En 1885, il fait installer la sonnerie. Auguste Deniaud, charpentier à Pont James réalise un beffroi et Monseigneur Le Coq, évêque de Nantes vient bénir les trois cloches.
Ernestine, la plus petite des cloches, pèse 420 kg. Elle a pour parrain Norbert Fleury et sa marraine est Mlle Neau de La Bretinière.
Amélie, la seconde, pèse 590 kg.
M.Desheros de La Rabatelière et Mlle Le Vaule offre pour l’occasion une belle aube et un riche antependium.
Enfin Cécile, la plus imposante, celle qui sonne les glas encore aujourd’hui, pèse 850 kg. Elle porte le deuxième prénom de sa marraine, Mme Cottin de Besson qui offre avec le parrain, Alfred Lallié, le maire, « un tapis en moquette »
Cécile-Louise prête également, sans intérêts, 10 000 autres francs au conseil de fabrique. Au bout de 10 années, elle fait généreusement abandon de la somme. En outre, elle avance la somme nécessaire à l’achat du pré gras de la cure, contre un intérêt minimal de 85 F annuel « mais en lui assurant après sa mort une fondation à perpétuité de 30 messes basses célébrées dans l’église paroissiale pour le repos de son âme et celles de ses parents » (délibération du conseil de fabrique du 16 avril 1871, conservé aux archives diocésaines).
Soucieuse du salut de son âme, la veuve Cottin décide de relever également la chapelle de Besson « afin d’obtenir la conversion d’un membre de sa famille ». En 1864, Monseigneur Jacquemet lui en délivre l’autorisation et en 1868, la nouvelle chapelle est édifiée et consacrée, à la place de l’ancienne (cf bulletin municipal de Janvier 2016). L’architecture simple, encore visible aujourd’hui, reprend celle néo romane de l’église du bourg jusque dans les deux fenêtres dont les grisailles sont réalisées par le même maître verrier nantais, M. Denis. Au centre, sous la voute en plein cintre, un petit autel blanc au tabernacle doré. Seuls les carreaux au sol, en damier noir et blanc, semblent provenir de la chapelle antérieure.
Le 23 mars 1892, Cécile-Louise meurt rue Gresset à Nantes, laissant à Saint Colombin un souvenir reconnaissant, comme en témoigne le livre de paroisse « la paroisse de Saint Colombin a beaucoup perdu en perdant madame Cottin, qui était la providence des pauvres ».
L’héritage des 197.5 hectares revient aux enfants Gouté, ses neveux et petits neveux qui se séparent de l’ensemble moins d’un an après. Le 10 mars 1893, ils vendent Besson à Madame Emilie Eulalie Lasnier, épouse Berneaudeaux, qui demeure avec ses enfants place Méllinet à Nantes. La veuve du docteur Félix Berneaudeaux achète l’ensemble avec ses deux enfants, Emilie-Marie et Félix-Emile pour un montant de 270 000 F, soit 1 044 548 Euros « payés comptants à la vue du notaire ». Chacun possède un tiers de la terre de Besson qui comprend en cette fin du 19ème siècle « la réserve consistant en maison de maître, servitudes diverses, chapelle, cour, jardins, prairies, pâtures, avenues plantées d’arbre futaie et un petit bois taillis, le tout d’une contenance de 6 hectares.
Le moulin à eau affermé à Pierre Biré. Une petite métairie d’environ 6 hectares dite de La Cour de Besson affermée à Joseph Legau. Une métairie dite aussi de La Cour de Besson de 28 hectares, ensemble de bétail, exploitée à moitié fruits par Jules Legaud et les époux Pierre Deniaud. Au lieu dit de Rimans une maison d’habitation avec jardin occupée par Jaulin. Les deux fermes de la Gentiserie d’environ 37 hectares affermée l’une à L.Deniaud et l’autre à J.Guibert. La ferme de la Rabine de 36 hectares exploitée par les époux F.Gergaud. Les fermes de la Mandironnière de 35 hectares, l’une exploitée par les époux P. Serenne et l’autre par les époux Jacques Serenne et leur fils Jean. La propriété de la Gergue de 48 hectares divisée en trois fermes exploitées par les époux F.Serenne, les époux Julien Eriau et les époux J.Dugast »
Vient alors le temps de la reconstruction de la maison principale.
Madame Berneaudeaux est à la tête d’une jolie fortune et entreprend dès 1897 de tout refaire dans le goût des résidences secondaires de l’époque, inspirée des modes bourgeoises nantaises.
A l’extérieur, de grandes baies arrondies laissent entrer la lumière et la vue sur la Boulogne tandis qu’à l’intérieur, les boiseries du salon en rotonde rappellent les salons des immeubles nantais.
Elle fait abattre les vieilles granges accolées à la maison et qui apparaissaient encore au cadastre de 1843 et rachète quelques hectares supplémentaires. Dès 1907, la mère donne l’ensemble à sa fille en nu-propriété, faisant orgueilleusement noter sur l’acte de donation « château » à la place de « maison de maître ». A la mort de sa mère en 1916, Mademoiselle Emilie Marie Berneaudeaux devient propriétaire, seule, d’un ensemble de terre de 201 hectares estimés à 273 000 F (1 056 154.09 €).
Le répertoire des hypothèques d’Emilie-Marie ne montre pas de vente de Besson avant 1955, année limite de communicabilité.
Quand les papiers ne parlent plus, les langues se délient…Il appartient à chacun de conserver ce patrimoine et de le garder vivant. Merci à vous, anciens de Saint Colomban, d’enrichir cette histoire par vos anecdotes, faisant vivre ainsi pour les générations d’aujourd’hui et de demain l’histoire de Besson, de La Boulogne et de Saint Colomban.
Bien entendu, l’histoire du Manoir de Besson est aussi connue par les Colombanais lorsque, au cours de la seconde guerre mondiale, un bombardier américain B17 s’est écrasé le 04 Juillet 1943 après avoir été touché par la DCA allemande à Nantes. Un mémorial a été érigé à la mémoire de cet évènement tragique auprès duquel, le 08 Mai de chaque année, est célébrée une cérémonie officielle à la mémoire des soldats tombés sur le front.
Le Dimanche 4 juillet 1943, le bombardier américain B17 n°42-5053 tombait en flammes au lieu dit Besson à « Saint-Colombin ».
Ce 4 juillet 1943, Ralph McKee occupait le poste de navigateur à bord de la forteresse volante. Après avoir été attaquée par la DCA et des chasseurs allemands Focke-wulf 190, le pilote déclencha le signal d’évacuation sur le système d’alarme d’urgence. Ralph McKee et sept autres aviateurs sautèrent en parachute de l’avion en feu. Ralph McKee atterrit entre les hameaux du Forcin et de l’Ouvradière. Il échappa aux Allemands, grâce à la complicité de Marcel Biret et Joël Dugast qui le cachèrent 3 jours à la ferme de la Lottrye à St Philbert de Grand Lieu. De là, les réseaux de la résistance organisèrent son évasion.
En 1958, à la demande insistante d’un journaliste de l’U.S.A.F. Ralph McKee a écrit l’histoire de son évasion qui va durer un peu plus de deux mois avant son retour à sa base en Angleterre. (Récit de l’évasion du navigateur Ralph Mckee en version originale ou en français)
Par la suite, Ralph McKee poursuivit des missions sur B29 durant la guerre de Corée, puis des missions de formation, de recherche et de développement jusqu’à sa retraite de l’U.S. Air Force le 1er septembre 1965, après 24 années de service. Puis, il fut engagé dans différentes missions d’ingénierie, au centre spatial Kennedy pour soutenir les programmes Apollo et de la navette spatiale, pendant 31 années.
A l’occasion de son 90ème anniversaire, ses filles Dianne et Helen ont relaté la naissance de Ralph le 19 septembre 1921, dans une ferme de l’état de l’Oklahoma aux Etats-Unis. Avec la crise de 1929, un ouragan en 1933, la vie était rude. Mais sa mère l’encouragea à travailler à l’école pour un avenir meilleur. Il devint major de son école. Le premier événement exceptionnel dont Ralph McKee se souvient de son enfance, est l’exploit de Charles Lindberg. Cet américain fut le premier pilote à rallier New York à Paris, sans escale et en solitaire en 1927. Ralph n’avait alors que 6 ans, mais c’est de là qu’est né sa passion pour l’aviation ! Jusqu’à 80 ans, Ralph McKee a piloté des avions et des planeurs. Par ailleurs, il est membre de « Mensa », un club international regroupant à travers la planète des personnes à fort potentiel intellectuel ! Il lit encore la constitution américaine au moins une fois par an et peut réciter des poèmes appris à l’école élémentaire.
Enfin, peu avant son 90ème anniversaire, le consul de France à St. Petersburg (Floride) lui a remis en 2011, l’insigne de la légion d’honneur.
Le comité colombanais du B17 lui a souhaité un joyeux anniversaire via une vidéo.
Ralph D. MCKEE est décédé le 4 février 2012, dans sa 90ème année.
Saint-Colomban tire son nom de "Colombanus" un moine évangéliste Irlandais du VI siècle (540-615).
La commune s'est dénommée Saint-Colombin jusqu'au décret du 26 Mai 1972.
Dans la tradition des moines Irlandais, Colombanus entreprend un voyage d'évangélisation qui le conduit à accoster en Armorique en 575 avec douze de ses frères.
Il traverse la Gaule puis s'établit à Luxeuil en 590 où il fonde un monastère.
La reine Brunehaut fit émettre à son encontre un ordre d'exil. Il sera reconduit sous bonne escorte jusqu'à Nantes avec ses frères de la première heure. On l'embarque pour l'Irlande mais les vents contraires provoquent l'échouage de la nef dans l'estuaire de la Loire. La troupe s'échappe, le moine finira sa vie en Italie à Bobbio.
La paroisse de St Colomban a été fondée par les moines de Noirmoutier, ils choisirent ce nom en mémoire du saint qui a inspiré leurs règles de vie.
Au cours de son histoire, la commune de St Colomban a vécu l'occupation Romaine, les invasions barbares, la guerre de Cent ans et les " guerres de Vendée ".
C'est lors de ces dernières que s'écrira l'un des chapitres les plus sanglants de l'histoire de la commune. Après que les troupes républicaines aient subies plusieurs revers par le général Charrette au village de Pont-James, 500 habitants furent massacrés le 10 Février 1794 sous l'ordre du républicain Duquesnoy.
Une plaque commémorative sur la façade du clocher rappelle depuis 1947 ce massacre.
L'église de St Colomban, bâtie au XVI siècle et propriété des moines de l'abbaye de Villeneuve, et la cure furent les seuls édifices ayant résisté après l'incendie du pays par les colonnes infernales de Duquesnoy.
Une nouvelle église sera bâtie en 1855 pour remplacer l'ancienne devenue vétuste et trop petite. A l'origine il y avait une flèche de style Roman qui surmontait le beffroi mais une tempête l'ébranla.
Crash du B17 en 1943
Le dimanche 4 juillet 1943, durant la seconde guerre mondiale, la forteresse volante B17 (n°42-5053) qui participait au raid aérien du terrain et des ateliers aéronautiques de Château-Bougon, fut abattue par la DCA Allemande et tomba en flamme au lieu-dit " Besson ". A son bord dix hommes d'équipage. Deux périrent lors du crash, six furent capturés par l'armée Allemande et les deux autres réussirent à fuir puis à rejoindre l'Angleterre.
Depuis 2004, une stèle commémore le souvenir de ce drame et des deux soldats Américains tués au combat : Earl Sell et Bernard McKnight.
Plus d'information : Site de Didier Giraudeau
Le riche patrimoine de notre commune témoigne de ce passé historique et le jumelage avec Castlegregory (Irlande) renforce l'héritage Celte de St Colomban.